ericetles2jacques

Pour faire patienter...

Voici brièvement une petite histoire du Camino :

 

  Devant le succès que connaît le pèlerinage de Compostelle beaucoup se demandent ce qui fait marcher tant de gens qui ne sont pas forcément de fervents chrétiens. Il faut savoir que bien avant d’être un prétexte religieux, ce chemin était fréquenté depuis l’époque celtique ; période qui rappelons-le a duré sur le territoire de l’actuelle France, plus de 4 siècles, soit pour l’image, l’équivalent de Jeanne d’Arc à De Gaulle. Les différents peuples celtes ont traversé l’Europe dans une sorte de marche vers le couchant s’installant à chaque fois un peu plus à l’ouest. C’est ainsi que la Galice est l’égal de la Bretagne avec son « Finis-terre ».

 

  Dans notre récit, vous avez vu qu’en Haute-Loire, nous avons rencontré un lieu de culte celte. La Lozère, l’Aveyron, et le Lot possèdent plusieurs centaines de dolmens et tumulus (beaucoup ont disparu) et bien plus que les cinq départements bretons (ces dolmens sont sûrement même antérieurs aux celtes), tout comme au pays basque. Cette marche vers le soleil couchant fut perpétuée par des hommes de la pierre, à la fois constructeurs et « initié » à une pré-religion. Cet esprit sera celui des compagnons qui une fois le tour de France effectué et reçus « maître accompli » s’engageaient parfois dans cette longue aventure.

 

  Mais auparavant, l’Eglise avait déjà récupéré cette tradition pour installer son influence. Le premier pèlerin historique connu est Monseigneur Godescalc, évêque du Puy en Velay, en 951. C’est-à-dire, bien après que Charlemagne soit aller combattre les Maures en Espagne et pris une pilule par les Basques du côté de Roncevaux. Un premier ouvrage en latin dénommé Guide du pèlerin est attribué à Aymeri Picaud, un clerc poitevin et date de 1130 (postérieur à la construction de la Dômerie d’Aubrac et de bien d’autres édifices comme les abbayes de Conques et Moissac).

 

  Les ordres militaires, comme le Temple, St Jean de Jérusalem (ordre de Malte), ordre de St Jacques, ne seront pas en reste, profitant des demandes des abbés pour sécuriser les pèlerins, pour installer à leur tour des commanderies. Ces dernières n’avaient pas seulement un rôle de police, mais contrôlaient aussi le commerce local et détenaient des terres exploitables. Bien souvent elles servaient aussi de banques.

 

  Commanderies et abbayes étaient riches et permettaient la construction ou l’entretien d’édifices religieux. Entretien réalisé par des compagnons dont beaucoup par nécessité de gagner de quoi vivre n’allaient jamais jusqu’à Compostelle et s’installaient dans des villages. Ceci explique notamment certaines formes de toitures ou autres constructions dont le style migrait d’une région à l’autre.

 

  La religion a tenté de freiner le culte des reliques, mais rapidement, le bénéfice qu’elle en tirait l’emporta. Le pèlerin n’hésitant pas à faire un grand détour, croyant accumuler des grâces, obtenir guérison ou rémission de péchés, ou respecter un vœu qui s’il ne pouvait l’accomplir, engageait ses descendants. Ainsi, abusant des croyances, les foules étaient soumises. (Luther dans son traité des reliques dénombre 14 clous de la croix et quatre couronnes d’épines, sans parler du cordon ombilical de Jésus et des pains multipliés dans le désert !) Ceci explique la multitude des variantes aux chemins historiques. Ces derniers outre celui du Puy (via podiensis) étaient celui qui partait de Paris (tour St Jacques), celui qui partait de Vezelay (où St Bernard prêcha la croisade), et celui de St Gilles du Gard. Les premiers se rejoignaient à Ostabat, le dernier à Puente la Reina en Espagne ; ainsi se formait le Camino Francès. Mais l’Europe entière connut ses chemins de Séville à Gdansk.

 

  Un autre aspect du chemin, est celui de la transmission des connaissances. A la fois par l’imagerie de l’histoire religieuse (à cette époque nos belles églises romanes en pierre étaient peintes) et la communication du savoir de la civilisation arabe (algèbre, architecture, chirurgie, astronomie etc..). C’est probablement ainsi que les maître-architectes firent des progrès dans le calcul des forces et contraintes des bâtiments qui s’avèrera nécessaire avec l’avènement du gothique. Ils étaient donc initiés à des secrets de construction et rassemblés en confrérie, ils marchaient le genou gauche découvert et portaient sur l’épaule une patte d’oie. Cette oie nous la retrouvons dans de nombreux lieux comme Auch, les monts Oca, la croix occitane à 4 pattes d’oie, le jeu de l’oie, etc…

 

  Autre secret, celui des alchimistes (la tour St jacques aurait été financée par Nicolas Flamel) qui assimilait Compostelle au compost d’où émergeait la pierre philosophale.

 

  Enfin, il faut évoquer la légende dorée de Jacques de Voragine, et la mystérieuse arrivée de la barque portant le corps de l’apôtre. St Jacques le majeur subit la décollation à Jérusalem, des disciples le place dans cette barque sans voile, ni rame, qui atteint une plage de Fisterra où pullulent les coquilles (Patelles) ; une reine Louve veut y construire un palais mais une étoile l’en dissuade et un char tiré par des bœufs s’arrête là où la basilique sera construite. Charlemagne, quelques siècles plus tard aura une vision d’un chemin empli d’étoiles : la voie lactée.

 

  Voilà vite synthétisé, tous les aspects de ce qui fut la grande université populaire qui draina, à travers les siècles, des foules de marcheurs, plus ou moins bien équipés (bourdon, besace, calebasse, crédential, pèlerine et grand chapeau) et qui encore aujourd’hui sous l’égide de l’Unesco met en chemin ….. des fous comme nous !!!!!!

 

 



13/09/2012
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